Louise Bourgeois (1911–2010) : une artiste entre Paris et New York

Louise Bourgeois (1911–2010) : une artiste entre Paris et New York

Le 31 mai 2025 marquera le 15e anniversaire de la mort de Louise Bourgeois, une figure incontournable de l’art du XXe siècle. C’est l’occasion idéale de redécouvrir cette artiste inclassable, sculptrice, visionnaire, et grande inspiratrice d’artistes contemporains.

Vous pouvez retrouver l’explication d’une de ces œuvres emblématique dans le livre : les yeux de Mona de Thomas Schlesser

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Une œuvre à la croisée du personnel et de l’universel :

Connue pour ses immenses araignées en bronze (comme la célèbre Maman), ses femmes-maisons et ses formes organiques et phalliques, Louise Bourgeois interroge, tout au long de sa carrière, la place des femmes dans la société, la maternité, le corps, la sexualité et les souvenirs d’enfance. Elle joue avec les frontières entre le féminin et le masculin, entre l’intime et le politique.

Elle disait :

« L’art est une garantie de santé mentale. »
Créer, pour elle, était une forme de thérapie, une manière de résister à la folie.

Une enfance tissée d’art… et de blessures

Née à Paris en 1911, Louise Bourgeois grandit dans une famille qui restaure des tapisseries anciennes. Très tôt, elle aide ses parents dans leur atelier. Mais son enfance est marquée par un événement douloureux : la liaison de son père avec la gouvernante. Ce traumatisme influencera profondément son travail artistique.

D’abord brillante en mathématiques, elle étudie à la Sorbonne, avant de se tourner vers l’art et de suivre des cours aux Beaux-Arts de Paris, à l’École du Louvre, et dans les ateliers d’artistes comme Fernand Léger. Elle explore les cercles intellectuels parisiens des années 30, mais ne parvient pas à intégrer le groupe surréaliste d’André Breton.

New York, nouveau départ

En 1938, elle épouse Robert Goldwater, historien de l’art américain, et part s’installer à New York, où elle démarre véritablement sa carrière. Elle y côtoie Yves Tanguy, Joan Miró, Marcel Duchamp et Le Corbusier, mais garde toujours une œuvre profondément personnelle, intime et engagée.

Le succès arrivera tard, dans les années 1970-1980. Pourtant, son influence sur des artistes comme Sophie Calle ou Christian Boltanski est immense.

Un dernier hommage aux femmes oubliées

Son ultime grande installation, le Mémorial de Steilneset en Norvège, rend hommage aux femmes accusées de sorcellerie et exécutées à Vardø au XVIIe siècle. Un projet poignant, réalisé avec l’architecte Peter Zumthor.

En 2008, le président Nicolas Sarkozy lui remet les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à New York, en reconnaissance de son œuvre exceptionnelle.

Découvrir l’œuvre de Louise Bourgeois, c’est entrer dans un univers unique où l’art parle du corps, des émotions et de la mémoire. Même si ses sculptures peuvent surprendre, elles racontent une histoire personnelle et universelle. Une belle occasion de réfléchir à la manière dont l’art peut exprimer ce que les mots ne peuvent pas toujours dire.

TRADUCTION :

ouise Bourgeois (1911–2010): An Artist Between Paris and New York

On May 31, 2025, we will mark the 15th anniversary of the death of Louise Bourgeois, a major figure in 20th-century art. This is a perfect opportunity to rediscover this unclassifiable artist—sculptor, visionary, and a powerful influence on generations of contemporary artists.

You can find an explanation of one of her most iconic works in the book Les yeux de Mona by Thomas Schlesser.

A Body of Work at the Crossroads of the Personal and the Universal

Best known for her monumental bronze spiders (such as the famous Maman), her house-women, and organic, phallic forms, Louise Bourgeois spent her career exploring the roles of women in society, motherhood, the body, sexuality, and childhood memories. She blurred the lines between the feminine and the masculine, the intimate and the political.

She once said:

"Art is a guarantee of sanity."

For her, creating was a form of therapy—a way to resist madness.

A Childhood Woven with Art… and Wounds

Born in Paris in 1911, Louise Bourgeois grew up in a family that restored antique tapestries. From a young age, she helped her parents in their workshop. But her childhood was also marked by a painful event: her father's affair with the family governess. This trauma would become a central theme in her artistic work.

Initially gifted in mathematics, she studied at the Sorbonne before turning to art. She took classes at the École des Beaux-Arts, the École du Louvre, and studied under artists such as Fernand Léger. In the 1930s, she immersed herself in Paris's intellectual and artistic circles, though she was never accepted into André Breton’s Surrealist group.

New York: A New Beginning

In 1938, she married American art historian Robert Goldwater and moved to New York, where her artistic career truly began. There, she met figures such as Yves Tanguy, Joan Miró, Marcel Duchamp, and Le Corbusier—but she always maintained a deeply personal and emotionally charged artistic voice.

Wider recognition came late, during the 1970s and 1980s. Nevertheless, her influence on artists like Sophie Calle and Christian Boltanski is profound.

A Final Tribute to Forgotten Women

Her last major installation, the Steilneset Memorial in Norway, honors women accused of witchcraft and executed in Vardø during the 17th century. This moving project was created in collaboration with architect Peter Zumthor.

In 2008, French President Nicolas Sarkozy awarded her the title of Chevalier of the Legion of Honor in New York, in recognition of her exceptional body of work.

To discover Louise Bourgeois’s art is to enter a unique world where sculpture speaks of the body, emotions, and memory. Though her pieces can be surprising, they tell stories that are both deeply personal and universally human. A beautiful opportunity to reflect on how art can express what words sometimes cannot.