Dénicher un vieux livre dans la bibliothèque des mes parents…

Dénicher un vieux livre dans la bibliothèque des mes parents…

Quelle ne fut pas ma surprise de tomber sur un livre édité en 1938, écrit par G. Lenotre, historien français, EN FRANCE JADIS, retraçant des anecdotes de la vie quotidienne des grands de ce monde au XVIIIe siècle.
Les petites histoires dans la grande Histoire.

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Lecture En France Jadis
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On y découvre, par exemple, qu’à l’occasion de somptueux banquets officiels, on servait parfois plus d’une centaine de plats ! Ainsi, en 1545 :

« la ville de Paris offre un dîner excpetionnel pour la reine Catherine de Medicis, on posa sur la tables, des paons, des faisans, des cygnes, des chapons, des hérons, des poules, des cochons, des pigeonneaux,  des levrauts, des chevreaux, des oisons, des cailles, des outardes et des grues. On dit que :  La reine mangea de tout et dévora à belles dents. ».1

À cette époque, on mangeait une première fois vers 10 heures du matin, puis une seconde fois le soir, avec un menu tout aussi copieux. Au XVIIe et XVIIIe siècle, les familles les plus aisées suivaient cette habitude de deux repas très riches par jour. Mais la période des guerres napoléoniennes marqua la fin de cette tradition. Soldat aguerri, habitué aux privations, Napoléon imposa un rythme plus rapide et utilitaire à ses repas. On mangeait désormais vite, sans recueillement ni attention, tout en parlant de conquêtes et de politique.

« L’empereur donnait un déplorable exemple… »2

Dans un autre chapitre, on découvre les recommandations de M. Reichard, auteur à la fin du XVIIIe siècle d’un guide à l’usage des voyageurs européens. Ayant lui-même beaucoup voyagé, il conseillait aux futurs touristes d’apprendre sérieusement

«  l’histoire naturelle, la mécanique, la géographie, l’agriculture, les langues, le dessin, la calligraphie, la sténographie, la natation, la médecine, la musique et les beaux arts. »3

Autant vous dire qu’on n’était pas prêt de sitôt pour prendre la route !  

Le chapitre consacré à l’éducation des jeunes filles, quant à lui, ferait frémir plus d’une lectrice d’aujourd’hui. Il s’ouvre sur une citation de Jean-Jacques Rousseau :

« Une jeune fille n’a pas d’autres choses à faire que rire, chanter, danser et vaquer aux soins du ménage » ajoutant que « toute l’éducation des femmes ne doit avoir pour but que de plaire aux hommes. »4

Mais au fil des pages, l’auteur montre que ces femmes, souvent promises à des maris absents partis à la guerre, révèlent leur force : elles administrent le domaine, supervisent les domestiques, prennent des décisions importantes et participent activement à la vie économique. Il les décrit avec admiration, non sans une pointe de critique envers les maris absents. Le chapitre se conclut ainsi :

« À quoi bon enseigner quelque chose à des êtres capables de toutes les métamorphoses. » 5

Dans un autre chapitre, intitulé Les Surprises d’un Anglais, on suit l’histoire d’un médecin britannique du XVIIIe siècle qui avait une très mauvaise opinion de la France. Influencé par l’Encyclopédie, Voltaire et Rousseau, il considérait la France comme décadente depuis Louis XIV.

« Les Français étaient incapables de travail et d’effort, chétifs, inconstants, abrutis par la misère et les superstitions papistes. »6

Curieux de vérifier ses préjugés, il part en voyage « presque humanitaire ». À sa grande surprise, il découvre une France vibrante : des soldats en excellente forme, une cuisine exquise, des paysages magnifiques, une population chaleureuse. Arrivé à Paris pendant la prise de la Bastille, il se joint avec enthousiasme aux démonstrations populaires. Mais lorsqu’il voit des têtes empalées sur des piques, l’horreur prend le dessus. Les Parisiens, méfiants, ne veulent pas laisser partir cet Anglais en pleine tourmente révolutionnaire. Il parvient finalement à fuir, non sans difficulté, gardant en mémoire…

« Un éblouissement et une terreur de cette France qu’il avait tant dédaignée. »7

Ce livre ancien, oublié sur une étagère, est une véritable mine d’or pour qui aime l’Histoire racontée avec humour, distance et humanité. À travers des récits vivants et souvent surprenants, G. Lenotre nous invite à redécouvrir les grands personnages… par les petits détails.

1 Chapitre : A table p 11

2 p 17

3 Chapitre : Conseils aux voyageurs p 235

4 Chapitre : De l’éducation des jeunes filles p 134

5 p 143

Chapitre : Surpises d’un anglais- p 196

7 p 203

TRADUCTION :

Finding an Old Book in My Parents’ Library...

Imagine my surprise when I stumbled upon a book published in 1938, written by G. Lenotre, a French historian, IN FRANCE IN THE PAST,  recounting anecdotes from the daily lives of the great figures of the 18th century.
Little stories within the big Story.

For example, we learn that during lavish official banquets, more than a hundred dishes were sometimes served! Thus, in 1545:

*"the city of Paris offered an exceptional dinner for Queen Catherine de’ Medici; on the table were peacocks, pheasants, swans, capons, herons, hens, pigs, squabs, young hares, kid goats, goslings, quails, bustards, and cranes. It is said: The queen ate everything and devoured it heartily."*¹

At the time, people would have their first meal around 10 a.m., and a second one in the evening, just as abundant. In the 17th and 18th centuries, this habit of two very rich meals a day was common among the wealthiest families. But the Napoleonic wars put an end to this tradition. A seasoned soldier accustomed to deprivation, Napoleon imposed a faster, more utilitarian pace to mealtime. Meals were taken quickly, without ceremony or mindfulness, while discussing conquests and politics.

*"The emperor set a deplorable example..."*²

In another chapter, we discover the recommendations of Mr. Reichard, who wrote a travel guide for European tourists at the end of the 18th century. Having traveled extensively himself, he advised future travelers to master the following subjects:

*"natural history, mechanics, geography, agriculture, languages, drawing, calligraphy, shorthand, swimming, medicine, music, and the fine arts."*³
Needless to say, you weren’t ready to hit the road anytime soon!

The chapter dedicated to the education of young girls, meanwhile, would make many modern readers shudder. It opens with a quote from Jean-Jacques Rousseau:

"A young girl has nothing else to do but laugh, sing, dance, and tend to the household," adding that *"the whole purpose of a woman’s education should be to please men."*⁴

Yet, as the pages go by, the author shows that these women—often married off to men who went to war—revealed their strength: they managed estates, supervised staff, made important decisions, and actively participated in economic life. He portrays them with admiration, not without a hint of criticism toward the absentee husbands. The chapter closes with the line:

*"What’s the point of teaching anything to beings capable of all metamorphoses."*⁵

In another chapter, titled The Surprises of an Englishman, we follow the story of an 18th-century British doctor who had a very poor opinion of France. Influenced by the Encyclopédie, Voltaire, and Rousseau, he believed France had become decadent since the reign of Louis XIV:

*"The French were incapable of work and effort, feeble, inconstant, numbed by misery and papist superstitions."*⁶

Eager to test his prejudices, he embarked on what was almost a humanitarian journey. To his great surprise, he discovered a vibrant France: soldiers in excellent shape, exquisite cuisine, breathtaking landscapes, and warm-hearted people. He arrived in Paris just as the Bastille was stormed and joined the popular demonstrations with enthusiasm. But when he saw severed heads on spikes, horror set in. The Parisians, suspicious, were reluctant to let an Englishman leave in such turbulent times. Eventually, he managed to escape—with difficulty—and was left with:

*"a dazzling impression and a terror of that France he had so greatly scorned."*⁷

This old book, forgotten on a shelf, is a true treasure trove for anyone who loves history told with humor, perspective, and humanity. Through vivid and often surprising tales, G. Lenotre invites us to rediscover the great historical figures… through the little details.

¹ Chapter: À table, p.11
² p.17
³ Chapter: Conseils aux voyageurs, p.235
⁴ Chapter: De l’éducation des jeunes filles, p.134
⁵ p.143
⁶ Chapter: Surprises d’un Anglais, p.196
⁷ p.203